1) Etude d'un arôme : la Vanille
2) La téléolfaction : à quand cette nouvelle forme de
télécommunication?
Etude d'un arôme : la vanille
Larôme de vanille présente un grand intérêt dans l'industrie agroalimentaire. En
effet, le goût et lodeur de la vanille sont appréciés sur tous les continents et
dans toutes les cuisines et ainsi, larôme de vanille est produit et commercialisé
dans de grandes quantités.
Dans la vanille, les chimistes ont démontré que le composé
aromatique le plus puissant est la vanilline. Il existe plusieurs procédés pour obtenir
ce produit. Dans le cas de la vanilline naturelle, la matière première est constituée
des gousses de vanillier. Grâce à une méthode de percolation ( extraction dun des
constituants dun composé par circulation dun solvant à travers celui ci ) au
cours de laquelle on fait couler un alcool, léthanol, sur les gousses parvenues à
maturité, on obtient un extrait de vanille naturelle. Il sagit généralement
dun liquide constitué à 95 % de vanilline, mais aussi de centaines dautres
molécules lui conférant ses caractéristiques gustatives.
Dans le cas de la vanilline de synthèse, on fabrique, grâce à des
procédés chimiques une molécule strictement identique à celle extraite du vanillier.
La vanilline est un composé cyclique avec six atomes de carbone, dont trois sont liés à
un atome d'hydrogène et les trois autres, respectivement, à un groupe hydroxyle (OH ),
à un groupe CHO et à un groupe OCH 3 La synthèse de la vanilline, relativement simple,
est effectuée suivant le schéma ci-après.
La méthode ci dessus consiste à mettre en présence deux produits, le
gaïacol, produit dérivé du phénol, et liso-eugénol. On obtient alors de la
vanilline pure sous forme de poudre. Les différences de saveurs entre lextrait de
vanille et la vanille synthétique sexplique par les nombreuses autres molécules
dorigine naturelle présentes dans lextrait de vanillier et qui ne figurent
pas dans la composition du produit de synthèse.
Or, il existe une demande croissante des consommateurs pour les arômes
naturels que la culture actuelle du vanillier ne peu satisfaire. Cest pourquoi on a
récemment élaboré un procédé biotechnologique qui consiste à mettre en présence des
champignons filamenteux avec certains coproduits agricoles comme la pulpe de betterave.
Cette dernière contint de lacide férulique, que laction successive de deus
champignons peut transformer en vanille. Il sagit donc dune deuxième
catégorie de vanilline naturelle, dite biotechnologique.
En modifiant un peu la molécule de vanilline, les chimistes ont
fabriqué une nouvelle molécule : léthylvanilline. Les aromaticiens estiment
que ce composé a le même arôme que la vanilline mais en cinq fois plus intense. Ce
nouveau composé, absent dans la vanille, est purement artificiel.
La téléolfaction : à quand cette nouvelle forme de télécommunication?
Souvenons-nous de l'essor de la musique, il y a un
peu plus d'un siècle quand tous ceux qui disposaient d'un téléphone purent apprécier
les virtuosités des grands interprètes. A l'époque, la transmission d'images
semblait utopique, mais moins de 20 ans s'écoulèrent avant que P. Nipkow, en Allemagne,
parvienne à transmettre des sensations visuelles.
Quels royaumes de la transmission restent à conquérir? La
transmission de sensations tactiles est en passe d'être maîtrisée, grâce à des gants
munis de cristaux piézoélectriques qui enregistrent ou qui exercent des pressions. Mais
les odeurs? Les saveurs? Le retard de la téléolfaction et de la télégustation navre
les gourmands.
Les sensations olfactives ou gustatives naissent de
la liaison de molécules aromatiques ou sapides à des cellules réceptrices du nez et de
la bouche. Pour transmettre de telles sensations à distance, on imagine deux
possibilités. Soit on analyse l'activité électrique du cerveau engendrée par ces
sensations, on transmet ces analyses à distance, et l'on stimule le cerveau du receveur
à l'aide d'électrodes: c'est ainsi qu'André Holley et Anne-Marie Mouly, à
l'Université de Lyon, ont obtenu des conditionnements de rats en excitant leur bulbe
olfactif.
Soit on analyse les mélanges de molécules odorantes ou sapides comme
on le fait pour les couleurs, en les rapportant à des stimuli arbitraires de base; puis,
à la réception, on mélange les molécules de base pour reproduire les sensations
initiales.
Les capteurs d'arômes, parfois surnommés "nez artificiels",
pourraient être des composants utiles pour la mise au point, encore lointaine, de tels
systèmes. Nés des besoins de l'industrie agro-alimentaire, ces capteurs assurent déjà,
dans quelques usines, l'évaluation objective des codés volatils émanant des produits.
II en existe plusieurs types.
Les nez artificiels
A la Station INRA de Theix, Jean-Louis Berdagué et ses collègues ont mis au point un système de spectrométrie de masse qui analyse l'ensemble des composés volatils des échantillons. Les échantillons sont décomposés thermiquement sur une cupule chauffante; les molécules de la fumée, fragmentées et ionisées, passent dans un spectromètre de masse: des champs électriques ou magnétiques dévient ces fragments électriquement chargés d'une quantité proportionnelle à leur masse et à leur charge électrique. Dans leur analyseur, les chercheurs de Theix obtiennent une signature du produit testé. Les résultats sont significatifs: d'après les signatures, l'analyseur retrouve l'origine d'une huître venant des côtes de France (quel gastronome parviendrait au même résultat?).
L'autre méthode est l'utilisation de
semiconducteurs dopés sur lesquels viennent s'adsorber les composés volatils: la
résistance électrique du semiconducteur dopé diminue
avec l'adsorption momentanée et réversible des composés volatils. Comment utiliser de
tels détecteurs? Au Laboratoire INRA de Dijon, Patrick Mielle et ses collègues étudient
des détecteurs composés d'un substrat céramique, chauffé par une résistance et sur
lequel est déposé un semiconducteur, tel l'oxyde d'étain, dopé par des oxydes de zinc,
de fer, de nickel ou de cobalt. Selon le dopage, les capteurs réagissent différemment
aux molécules adsorbées: le passage d'un mélange de composés volatils sur ces réseaux
de capteurs engendre une signature, qui est traitée informatiquement.
L'emploi de ces réseaux reste toutefois difficile. Tout d'abord, comme
les signaux des divers capteurs évoluent lentement au cours du temps, les chercheurs
dijonnais ont mis au point une cellule de transfert rapide des échantillons pour l'étalonnage
et pour la caractérisation des capteurs, avant leur utilisation en réseau. D'autre part,
on a observé que les capteurs réagissent très différemment selon la température:
cette particularité, qui doit être maîtrisée lors des étalonnages, est un avantage,
parce que des mesures effectuées à plusieurs températures permettent d'obtenir des
réactions différentes d'un même capteur; on multiplie ainsi, artificiellement, le
nombre de capteurs utilisés.
Enfin, comme l'enregistrement des signaux et la reconnaissance des
signatures des divers mélanges imposent un traitement numérique lourd, qui limite le
nombre de capteurs à moins d'une dizaine, P. Mielle et ses collègues ont proposé
d'enregistrer les signaux à divers instants après l'injection des échantillons dans la
cellule de mesure: le nombre de points expérimentaux est multiplié d'autant.
Aujourd'hui les cellules de mesure récupèrent 80 pour cent des molécules en phase gazeuse, et les réseaux testés, composés de six capteurs, qui font des mesures à quatre températures, caractérisent des mélanges de composés volatils en une dizaine de secondes: les performances du nez humain ne sont plus inaccessibles.
ÜL'ensemble
du matériel pour une analyse automatique des odeurs: une carte électronique
d'acquisition des données (a), une carte qui porte les capteurs (b), une cellule de
mesure (c) et une cellule a échantillon (d).
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